Une cinquantaine de «Tunisiens de Lampedusa» ont occupé mardi 31 mai le Centre culturel tunisien de la rue Botzaris, en lisière des Buttes-Chaumont, dans le 19e arrondissement, demandant «un coup de main» de leur ambassade dans leur errance parisienne. Cet immeuble possède un statut extra territorial, similaire à celui d'une ambassade.
L’occupation des locaux du 36, rue de Botzaris s’est apparemment effectuée dans le calme, comme l’ont été auparavant le 51 avenue Simon-Bolivar, appartenant à la Ville de Paris, et vidé sans ménagement trois nuits plus tard, ou le gymnase de la Fontaine-au-Roi, à Belleville, occupé depuis le 7 mai. Certains des occupants de Botzaris viennent du gymnase de la Fontaine-au-Roi, selon un soutien.
En milieu d’après-midi, les occupants ont escaladé les grilles du bâtiment, fermé depuis la révolution tunisienne qui a mené à la chute du président Ben Ali le 14 janvier. En fin d'après-midi, d'imposantes forces de l’ordre ont pris position aux abords.
Un autocar de police, dans un premier temps stationné devant l’entrée, s'est éloigné de sa position initiale. En plus de ce véhicule, un témoin faisait état d’une vingtaine de voitures de police.
Les occupants auraient obtenu du gardien l'autorisation de rester sur place, mais la police empêchait tout ravitaillement, selon un témoin.
A 22h40 arrivait une relève de police…
Cet immeuble de la rue Botzaris, qui appartient au gouvernement tunisien, avait été à l’ordre du jour du premier conseil d’arrondissement de l’année. Catherine Guillaume, la conseillère déléguée en charge des résidents étrangers non communautaires, avait souhaité que «ce bien public soit restitué aux associations démocratiques tunisiennes». S’il partageait son point de vue sur le fond, le maire du 19e arrondissement, Roger Madec, avait rappelé le statut extra territorial de ce bâtiment, et répondu à l’élue qu’il appartenait au futur gouvernement tunisien de décider du devenir du 36 Botzaris.
Bien que dénommé officiellement «Centre culturel» —voir les adresses utiles de la Chambre tuniso-française de commerce et d'industrie—, l'immeuble de la rue Botzaris traîne derrière lui, au moins depuis 1997, une sale réputation. Il est considéré comme «le siège de la barbouzerie». La Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR) avait demandé dès janvier dernier qu'il devienne une maison des associations. En avril, une plaque symbolique mentionnant “Maison des associations Mohamed Bouazizi” y a été apposée (voir ici la vidéo, durée 2 min.).
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Fabien Abitbol, photo Elisabeth
[mise à jour de 01h35: ajout de l'avant-dernier paragraphe]
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